J'ai découvert l'écrivain Patrick Chamoiseau lors des épreuves écrites du Bac de Français (en L) cette année et l'extrait de son dernier roman L'empreinte à Crusoé m'avait donné envie de mieux le connaitre. C'est en cherchant uns de ses précédents romans parus en poche que j'ai remarqué Solibo Magnifique.
Quelle surprise ! Je n'avais encore rien lu de pareil ! Ce roman est original tant dans le fond que dans la forme : c'est un mélange entre un roman policier,une autobiographie et un plaidoyer pour la survie de la culture créole, sa mise en page est atypique, le découpage du livre rompt avec le shéma classique des chapitres, son incipit est surprenant, sa construction narrative est particulière...
En lisant ces lignes, vous cherchez sans doute à savoir de quoi parle ce livre si original. Pour éclairer votre lanterne, je me suis dit que le résumé de l'éditeur sur la 4ème de couverture était probablement le meilleur indicateur. Lisez plutôt :
" Fort-de-France, pendant le carnaval. Devant son public médusé, le conteur Solibo Magnifique meurt, foudoyé par une égorgette de la parole. Autostrangulation ? Ou meurtre ? Toute l'assistance est soupsonnée, notemment Bateau Français, dit Congo, fabricant de râpes à manioc, et qui aurait empoisonné Solibo avec un fruit confit. Bouafesse et Evariste Pilon mènent l'enquête, allant jusqu'à garder à vue Patrick Chamoiseau lui-même. Ce que, d'interrogatoire en interrogatoire, les deux policiers vont pourtant révéler, c'est l'univer caduque, au seuil de l'oubli, des Maitres de la parole, des grands conteurs qui avaient, tel Solibo, le goût du mot, du discours sans virgule."
J'ai eu quelques difficultées à me mettre "dans le bain" au début car je ne connaissait en rien l'univers décrit et certains mots utilisés par les personnages en créole n'étaient pas traduits. Cependant au fil du roman, on est captivés par cette enquête qui met en exergue les relations houleuses entre les Antilles et la France, chacune représentée par uns des deux policiers, la société locale martiniquaise avec des personnages hauts en couleurs et bien sûr la tradition de l'oralité, la disparition des conteurs et de l'univers qui les entourent…