Le Manuel de Saint-Germain-des-Prés, de Boris Vian.
Voulant me détacher de la déception engendrée lors de ma lecture de L'Ecume des jours en juillet dernier, j'ai décidé de retenter l'expérience en lisant un autre ouvrage de Boris Vian. Ne souhaitant pas réitérer avec un roman qui aurait pu me déplaire, mon choix s'est porté sur sa chronique d'un quartier parisien qu'il a bien connu : Saint-Germain-des-Prés à son apogée.
Le Manuel de Saint-Germain-des-Prés devait à l'origine être un guide touristique à destination du grand public fasciné par le bouillonnement culturel et intellectuel dont faisait preuve ce quartier après la Seconde Guerre Mondiale. Néanmoins, en 1950, il modifia son texte pour laisser place à la subjectivité et au ressenti. C'est d'ailleurs ce qui fait tout l'intérêt de cette lecture de nos jours, puisque le quartier tel que l'a connu Vian n'existe plus aujourd'hui. Ainsi, au travers de ce texte, l'auteur nous fait partager l'atmosphère particulière ce quartier qui fut l'objet de tous les fantasmes.
Ce guide est très complet, Boris Vian prend plaisir à nous narrer l'histoire de son quartier et ça se sent à la lecture de l'ouvrage. La démarche, au premier abord semble scientifique puisqu'il nous détaille les différentes conditions climatiques et géologiques du quartier. Puis, heureusement, la suite est plus historique et artistique ce qui est permet de s'imerger totalement dans cette époque révolue.
Le Manuel de Saint-Germain-des-Prés se compose de plusieurs parties distinctes les une des autres. Une introduction généraliste sur les conditions de ce milieu précède les faits et mythes qui concernent ce quartier, puis un historique de chaque lieux et rues qui le composent, ainsi qu' un florilège très détaillé des personnalitées ayant fait la renommée de Saint-Germain-des-Prés. Cette dernière partie est selon moi la plus intéressante car Vian parle de certains artistes aujourd'hui devenu des mythes avec un regard de contemporain qui comporte parfois quelques critiques. Ainsi, selon l'auteur, le style d'Albert Camus "aurait plutôt molli" et Jean-Paul Sartre "mériterait bien qu'on lui foute un peu la paix car c'est un chic type". C'est amusant de comparer les avis de Vian écrit au moment où toute cette génération d'artistes et d'écrivains était à son sommet, avec l'image que l'on a d'eux aujourd'hui. On rend alors compte que les deux sont finalement assez opposés.
Si j'ai préféré cette lecture par rapport à son chef-d'oeuvre L'écume des jours, j'ai néanmoins beaucoup de difficultées à apprécier la prose de Vian en littérature alors que j'affectionne beaucoup ses chansons, telle la célèbre "J'suis snob". Il me reste encore un dernier livre de Vian dans ma PAL, l'Arrache-coeur qui sera peut-être l'occasion d'apprécier pleinement son univers littéraire.
Ce billet est sans doute ma dernière participation au challenge de l'Oeil qui fume consacré à Boris Vian, c'est aussi une nouvelle participation pour le Plan ORSEC chez George ainsi que pour son challenge "Le nez dans les livres saison 2"