La mécanique du coeur, de Mathias Malzieu.
J'ai lu ce roman il y a quelques mois, au moment de la sortie de son adaptation au cinéma, mais je vous en parle seulement aujourd'hui car j'avais totalement oublié d'en faire un billet avant ! Quelle étourdie !
Avant de lire ce livre, j'avais lu énormément d'avis dithyrambiques sur la blogosphère littéraire. Tous vantaient l'ingéniosité de Malzieu, ses talents de conteur, l'atmosphère de l'histoire se rapprochant de celle véhiculée par les films de Tim Burton... Tout cela est vrai, mais pour ma part, il m'a manqué quelque chose, cette petite étincelle qui fait les grandes histoires, celle qui donne envie de lire ce conte aux enfants lors d'une longue soirée d'hiver au coin du feu. Pourtant, tous les éléments étaient présents pour faire de ce livre un nouveau classique de la littérature de l'imaginaire mais malheureusement, j'ai trouvé que cela n'avait pas été assez exploité.
J'ai tout de même pris plaisir à me plonger dans l'histoire de Jack né lors du jour le plus froid du monde à Edimbourg à la fin du XIXème siècle. Dès sa naissance, Jack doit faire face à ses premières difficultés : à cause du froid inédit qui touche la ville, son coeur s'est gelé et n'est plus en état de fonctionner. Mais grâce à l'aide de la sage-femme aux faux airs de sorcière qui l'a mis au monde et qui lui implante une horloge mécanique à la place du coeur, Jack peut désormais vivre sa vie... enfin presque, car il ne peut désormais plus tomber amoureux sous peine de dérégler cette horloge vitale.
Malgré cette épée de Damoclès qui trône au dessus de sa tête, le petit Jack fait un jour la rencontre d'une jolie petite chanteuse nommée Miss Acacia. Le coup de foudre est immédiat et total, elle ne quittera désormais plus son esprit et dérègle ainsi le coeur déjà bien amoché du petit Jack. Des années plus tard, elle occupe encore les pensées de notre héros, malgré son départ définitif pour la lointaine Andalousie. Mais il en faut beaucoup plus pour que Jack abandonne son destin qui, il en est persuadé, est lié à celui de Miss Acacia. Accompagné dans un périple à travers l'Europe par Monsieur Méliès, un magicien de génie un peu loufoque, Jack suit les traces de sa belle jusqu'en Espagne où de nombreux rebondissements l'attendent...
Je dois reconnaitre que l'univers développé ici par Malzieu est original, envoûtant et onirique. Il mêle les éléments de la vie réelle à des éléments issus d'un univers fantastique, ce qui donne un mélange détonnant et très particulier, à la fois sombre et merveilleux, réel sans toutefois être réaliste. On y retrouve effectivement des similitudes avec l'univers des films de Tim Burton, ce qui ressort d'autant plus dans la récente adaptation cinématographique. L'auteur porte une attention certaine à l'atmosphère de son récit ainsi qu'à son style d'écriture, très poètique tout en étant très fluide. Cette ambivalence dans le style correspond bien à ce mélange entre l'imaginaire et le concret développé tout au long du roman.
Sans être une franche déception, car le style est prometteur et l'histoire est tout de même originale (bien qu'elle ne soit pas à mon goût), La mécanique du coeur de Mathias Malzieu reste pour moi une lecture un peu "ovni" : on ne sait pas trop quoi en penser au bout du compte, on est tour à tour emballé par cette histoire mêlant fantastique et merveilleux, puis la fin laisse un goût d'amertume pas très agréable une fois le livre refermé, ce qui gâche un peu l'ensemble selon moi. Ce roman se situe au carrefour de plusieurs genres littéraires différents qui en font un véritable hybride, comme on a peu l'habitude d'en voir, et c'est ce qui peut parfois déranger le lecteur et ainsi l'empêcher de profiter pleinement de cette lecture.
Ce billet rentre dans le cadre de plusieurs challenges auxquels je participe : le challenge "Il était une fois" organisé par Mayartémis sur Livraddict, mais aussi le challenge "La littérature fait son cinéma saison 4" organisé sur ce blog, puisque le film a été adapté au cinéma en février 2014 par Mathias Malzieu lui-même. Sans oublier le Plan ORSEC 2014 chez George.