La fille sur le coffre à bagages, de John O'Hara.
Lu au mois de novembre 2013, c'est-à-dire il y a maintenant cinq mois, j'ai enfin décidé de sortir de ma léthargie légendaire (je vous avait déjà fait le coup avec le Lion de Kessel au mois de janvier) pour vous chroniquer ce court livre qui m'a beaucoup plu.
Ce roman est ma première incursion dans l'univers littéraire de John O'Hara surnomé le "Balzac américain" par les critiques anglos-saxons. A travers ce roman de 120 pages environ, l'auteur nous immerge dans le New-York de la Prohibition auprès de James Malloy, un obscur attaché de presse pour une société de production de cinéma, ainsi que de la célébrissime actrice Charlotte Sears vivant ses dernières heures de gloire aux côtés de son riche amant lié étroitement à la pègre.
On est totalement plongé dans cet univers désenchanté qui concentre l'élite artistique et finnancière des Etats Unis. L'ancienne New York est concurrencée par la jeune Los Angeles, l'élite du pays se pavane en manteaux de fourrure et en tenues de soirées hors de prix, en allant de cocktails en vernissages en quête d'un éclat pour mieux supporter leur existence. L'alcool coule à flots bien que sa consommation soit interdite, mais le mal-être d'une génération l'emporte sur les législations, les convenances et le qu'en-dira-t-on.
A travers ce portrait désabusé de sa génération, l'excellent John O'Hara questionne son lecteur sur le sens de l'existence, de la réussite et du bonheur. En effet, la célèbre Charlotte Sears noie son dégoût de l'existance dans les bars clandestins (appelés speakeasy) ou dans les réceptions de la haute bourgeoisie qui est en quête d'un sens à leurs vies. Grâce à James, le temps de quelques mois, sa vie reprend de l'éclat et elle semble revivre, jusqu'à un terrible évènement qui changera le cours de sa vie à tout jamais...
J'ai aimé cette histoire en apparence simple mais finalement plus complexe qu'elle n'y parait. J'ai lu le roman il y a plusieurs mois déjà, mais j'en garde encore un souvenir très net et positif. C'est généralement comme ça que l'on reconnait les bons romans. On est surpris par le déroulement du récit ainsi que par le dénouement final qui laisse assez songeur.
J'ai beaucoup apprécié le style de cet auteur qui reste assez méconnu en France. Membre des "Enfants du jazz", ses amis sont Francis Scott Fitzgerald et Ernest Hemingway. John O'Hara est sans doutes un des auteurs les plus doués de sa génération. Il commence enfin à être traduit en France et ses romans sont également disponibles en formats de poche. Il se trouve que j'ai deux autres romans de lui dans ma PAL : L'enfer commence avec elle (adapté au cinéma en 1960 sous le titre La vénus au vison) et Une lueur de paradis, autre aventure de James Malloy qui se déroule cette fois-ci durant l'âge d'or d'Hollywood. Je pense donc transformer l'essai après cette première lecture plus que satisfaisante de cet auteur.
Ce livre est ma deuxième participation au challenge d'Asphodèle consacré à Francis Scott Fitzgerald et les Enfants du Jazz.