Des gens très bien, d'Alexandre Jardin.
A l'occasion de la commémoration du D-Day et grâce à l'initiative du blog Les bavardages de Sophie qui nous invite à publier un article autour de la Seconde Guerre Mondiale aujourd'hui, je me suis décidée à lire Des gens très bien d'Alexandre Jardin.
J'avoue n'avoir jamais lu ses romans qui connaissent un certain succès en librairie, tel que Fanfan ou encore Le Zebre, avant de m'attaquer à celui-ci. Il paraitrait néanmoins que ce roman-ci se détache de tout ce qu'il a pu écrire auparavant, ce qui me permet donc de découvrir une facette plus discrète, plus secrète du romancier. Ses livres abordent habituellement (parait-il) des sujets plus légers, ce qui est loin d'être le cas avec Des gens très bien qui a pour thème, vous l'aurez compris, la Seconde Guerre mondiale.
Grâce à ce livre, Alexandre Jardin aborde le conflit mondial d'une manière inhabituelle. C'est au travers de sa propre expérience et de ses origines familliales que l'écrivain à succès livre son ressenti sur tout un pan qui fait aujourd'hui encore débat : la mémoire lié au régime de Vichy. En effet, qui mieux qu'Alexandre Jardin, petit-fils de Jean Jardin, dit "Le nain jaune" (le chef de cabinet de Pierre Laval durant la Rafle du Vel' d'Hiv) pour aborder cette question si épineuse ?
La généalogie de l'auteur est un élément important qui agit à double tranchant dans le récit : il apporte à la fois un éclairage intéressant et inédit dans la production littéraire française, mais malheureusement Alexandre Jardin profite de cette tribune et de sa position pour, d'une certaine manière, régler ses compte avec sa famille. Cet affrontement peut parfois paraitre excluant pour le lecteur qui a l'impression de pénétrer dans l'intimité de la famille Jardin. Cette caractéristique se retrouve principalement dans le début du livre et disparait peu à peu pour laisser la place à un témoignage touchant par la sincérité de la démarche entreprise par l'écrivain.
Car c'est là que réside tout l'intérêt de cette lecture : la mise à nu d'un écrivain à succès à qui tout semble sourire mais qui est tourmenté par les démons de son passé famillial durant une époque on ne peut plus troublée. Alexandre Jardin annonce très clairement son objectif au début du livre : il n'a pas écrit Des gens très bien dans l'intention de réhabilliter son grand-père ou d'enjoliver son parcours comme a pu le faire son père Pascal Jardin, dit "Le Zubial" en écrivant Le nain jaune dans les années 1970. Il a écrit ce livre pour livrer le récit "honnête" d'un destin trouble ainsi que tout son cheminement personnel pour faire la paix entre sa conscience et son passé.
Des gens très bien est donc un livre qui donne matière à réflexion même si la démarche faite par l'auteur peut sembler trop intime pour un lecteur lambda. J'ai apprécié le courage qu'à dû déployer l'auteur pour faire face à son passé famillial, sa famille et sa propre vie qui a toujours été ambivalente : une vie publique qui semble joyeuse et insouciente alors que dans le privé Jardin se lance dans des investigations de pointe en vue de percer à jour le rôle véritable qu'à pu jouer son grand-père durant la période la plus sombre de l'Histoire de France.
Ce billet rentre dans le cadre de plusieurs challenges auxquels je participe : le D-Day sur les blog chez Les bavardages de Sophie, le challenge consacré à la Seconde Guerre Mondiale sur mon blog, ainsi que le Plan Orsec 2014 chez George.